mardi 18 janvier 2011

La respiration inversée déracine, c'est la respiration naturelle de l'effort


Séance du mardi 18 janvier 2011 - Les cours de tai chi de niveaux moins avancés que le sien - en principe - sont l'occasion de réaliser que l'on n'est pas si avancé que cela finalement. En réalité on n'entend pas les mêmes choses, peut être parce que l'on pense qu'elles ne nous sont pas destinées...

Jean-Michel Chômet, le professeur, s'est surpassé en explications ce matin sur le thème de la respiration inversée.

Qu'est ce que la respiration inversée ?
C'est la respiration naturelle de l'effort, celle que le corps emploie instinctivement quand il veut sauter en l'air ou pousser un objet très lourd ; elle ne se commande pas par la tête. "Elle se fait".

A quoi la reconnait on ?
Dans les arts martiaux, l'effet est radical. Si l'adversaire pousse avec un doigt dans la paume ouverte de l'autre, le partenaire poussé qui respire de la sorte déracine l'adversaire par les pieds, alors qu'avec une respiration normale sa poussée agit sur le haut du corps de l'autre. La démonstration est éclairante. Jean-Michel Chômet produit un bruit de roulement très particulier quand il l'utilise pour la montrer à ses élèves.

mardi 4 janvier 2011

Le tai chi est de nature artisanale et pourtant on parle d'un art martial interne mais qui ne laisse rien au hasard


Séance du mardi 4 janvier 2011 avec Jean-Michel Chomet - Pendant l'hiver la nature se repose, il vaut mieux éviter le travail musculaire. En cours de tai chi depuis décembre, nous ne forçons pas. Le printemps énergétique pour les chinois arrive avec le Nouvel An chinois - le jeudi 3 février en 2011. Restons cool jusque là...

jeudi 23 décembre 2010

Qui n'a pas entendu parler de Fazil Say et de sa marche turque jubilatoire ?


Fazil Say : marche turque variations (mozart)

La bio de ce pianiste turc qui enregistre chez naïve

Au plus près de la grâce de Jean Sébastien Bach par les Variations Goldberg de Glenn Gould

Une musique qui pourrait s'écouter la vie entière, du matin jusqu'au soir, au solstice d'hiver comme au solstice d'été, sans jamais lasser ; comme une source vivifiante ; une musique qui amènerait tour à tour l'eau à vos yeux et puis une flambée dans votre cœur ; un air qui ferait redresser votre tête jusqu'au ciel, éclaircirait vos yeux, refermerait vos bouches ; un écho qui ferait entrer en communion avec la beauté du monde et commanderait de s'asseoir pour méditer à des régiments de pratiquants de tai chi chuan... Les variations Goldberg dans cette interprétation tout en délicatesse du maître incontesté - Glenn Gould dont on entend la voix jaillir au plus près du clavier. Merci.

mercredi 3 novembre 2010

Les chrysanthèmes, marguerites des morts du cimetière du Père Lachaise à la Toussaint

C'était hier, 2 novembre 2010, au cimetière du Père Lachaise ; à la tombée de la nouvelle heure d'hiver, amorcée dimanche. Partout du jaune, illuminant la pierre grise.Et les feuilles d'automne se répandant dans un mouvement de balancier pour se poser nonchalamment sur les marbres sombres. Dans les allées, de nombreux visiteurs, touristes, familles en deuil, solitaires affairés... Avis à tous les amateurs de poésie, le moment est rêvé pour se promener dans ce cimetière extraordinaire du XXème où les chats sont bien dodus.

mardi 28 septembre 2010

Nouvelles clés est mort... quelle déception !

Tribune - Quelle mouche pique les directeurs des journaux à vouloir changer leur maquette ! Une amie chère m'a fait découvrir Nouvelles Clés il y a bon nombre d'années. Ce fut une rencontre ; comme avec une personne réelle. Une surprise qui m'a harponné, ouvert coeur et esprit pour me faire dire à peine repliée, "Encore !".

Je m'y suis abonnée et désabonnée. J'ai conservé les numéros.

Ces derniers temps, je me réservais le plaisir de le découvrir à l'occasion de longs trajets. Un rituel délicieux qui me déclenchait un sourire à l'abord des gares et aéroports. Souvent enfoui quelque part, le magazine surgissait entre les mains du kiosquier qui allait me dénicher le dernier numéro de Nouvelles Clés. L'attente avant l'effeuillage, ces quelques minutes où il me fallait le porter précieusement jusqu'à mon siège était... ravissement. Cette revue a toujours réussi à me capter de la première à la dernière page me donnant parfois le sentiment d'appartenir à une certaine tribu. Je m'y suis nourrie, apaisée, enrichie. Elle m'a souvent gratté la tête et j'adore ça. La prouesse était de donner de la matière à penser, méditer hors des sentiers battus, des morales, des religions, du judéo-christianisme, c'était un espace de liberté en dehors du temps, ailleurs...

dimanche 12 septembre 2010

Ce jour là, Willy Ronis manquait sur la plage de l'île d'Oléron, alors...

La grande plage sur l'île d'Oléron, un jour du mois d'août 2010 (photo M.S.)

Ce jour là je me suis prise, un peu, pour Willy Ronis. Je venais de voir une exposition de ses photos à Paris. Mon petit Canon trainait dans ma main désœuvrée, quant, tout à coup, j'ai entendu, derrière moi , un tonitruant "Allez", suivis de "hop ! hop ! hop !" vigoureux. Puis, cette bande de lascars a déferlé à folle allure, s'est jetée dans la mer, pour ressortir, sans quitter son rythme infernal. J'ai armé et shooté. Je n'y croyais guère. Et puis, surprise, cette photo tombée du hasard m'a plu, même si je demande humblement pardon aux sujets qui n'ont rien demandé et se retrouvent sur ce blog inconnu.

dimanche 5 septembre 2010

Paris vu des hauteurs du Père Lachaise

Paris vu des hauteurs du Père Lachaise par Louise Joséphine Belmont (1790-1870) - Musée des Augustins de Toulouse.

Le Père Lachaise... un lieu d'inspiration sans cesse en évolution, comme la vie.

lundi 26 juillet 2010

"On n'arrête pas la vague", dit l'homme visionnaire

Biarritz juillet 2010 exposition "Océan" sculpture brésilienne - photo : M.S

"On n'arrête pas la vague", m'a dit un jour mon père de l'air le plus anodin qui soit... Va savoir pourquoi sa petite phrase cogne toujours dans ma tête alors qu'elle aurait pu vite s'effacer comme bien d'autres.

mardi 18 mai 2010

De l'intérêt de l'inconfort qui sème les graines du changement

photo de Marie-Corinne Devilliers - au Cameroun

Il est certaines fois où nous avons l'esprit plus ouvert que d'autres. Certaines paroles entrent en résonance avec des sensations embryonnaires que nous portons en nous sans le savoir. Les mots vibrent alors un peu pour nous dire "ouvre toi".

Ce matin, au cours de tai chi, j'ai entendu cela qui m'a fait ça :
"L'intérêt de l'inconfort c'est de nous permettre de changer".
Si nous sommes toujours dans les mêmes rails, c'est vrai... nous n'avons pas à nous gratter la tête.

et encore une petite phrase pour tous les jours de la vie qui me fait cet effet là :
"Quand l'intention est claire, quand la forme est claire, l'esprit s'apaise".

et d'après mon expérience, ce qui vaut pour le tai chi vaut aussi pour des tonnes d'autres choses de la vie.

vendredi 15 janvier 2010

La plongée du héron surfe sur l'aiguille au fond de la mer dans le tai chi chuan


Ce bel héron blanc plongeant vers la terre camerounaise m'évoque l'aiguille au fond de la mer - l'un des mouvements gracieux de l'enchainement du tai chi chuan de la forme Yang.
Les animaux nous enseignent un savoir oublié depuis notre jeune âge... celui du naturel, que les lignées d'inventeurs chinois du tai chi chuan ont su capter et transmettre.

dimanche 3 janvier 2010

Traduire le Tao te king de Lao Tseu exige du courage tant le texte est énigmatique

Façade à Saint-Valéry-sur- Somme (80). Photo : Marise Sargis.

Chapitre XLVII du texte fondateur du taoisme,
le Tao te king écrit par Lao Tseu un surnom qui signifie "le Vieux". Ce sage de l'Antiquité chinoise s'efforçait de se cacher et de rester anonyme selon l'historien chinois Sseu-Ma Ts'ien.


I - Traduction de Richard Wilhelm
(traduit de l'allemand au français par Etienne Perrot) :

Sans franchir le pas de sa porte,

dimanche 20 décembre 2009

Un vrai cadeau de noël ce détournement de mozinor

Marie, le ventre plein, dans son humanité rayonnante, remet les pendules à l'heure

Santon de Marie enceinte par Daniel Coulomb prise dans la neige de noël 2009. Photo M.S.

J'ai ouï dire que protestants et catholiques peuvent discuter à l'infini de la virginité de Marie, mère de Jésus et femme de Joseph, le charpentier. Les catholiques prêchent la virginité perpétuelle et en 1563 à l'issue du Concile de Trente l'Eglise va même jusqu'à interdire la représentation d'une telle image. Les protestants qui ne célèbrent aucun culte à cette femme se réfèrent au texte biblique qui présente Marie comme l'épouse de Joseph

mardi 17 novembre 2009

La source noire du Père Lachaise





Mon père était de plus en plus affaibli. Tempêtant, délirant sur son lit d'hôpital...


...un livre en friche acheté quelques années avant est tombé entre mes mains : La source noire de Patrice Van Eersel - une précieuse aide pour passer le cap mortuaire.

L'ouvrage raconte sur le mode romanesque une vaste enquête réalisée sur la question des NDE "Near Death Experiences". Un phénomène mis en lumière Outre-Atlantique il y a plus de trente ans.


dimanche 1 novembre 2009

Méditer sur la beauté du monde avec François Cheng


Eglise orthodoxe dressée à l'entrée de la ville de Katapola sur l'île d'Amorgos en Grèce. photo M.S.

"L'univers n'est pas obligé d'être beau, mais il est beau... ", se questionne François Cheng dans Cinq méditations sur la beauté paru en avril 2006 chez Albin Michel. Sa délicate écriture touche l'esprit du lecteur avec la légèreté du pétale d'une fleur précieuse. Les mots de François Cheng sont sensations tactiles.

mardi 22 septembre 2009

L'homme construit trop de murs et pas assez de ponts... encore vrai ?

Au sommet de la création, où qu'il soit, l'Homme... communique. Photo du Cameroun de Jean-Baptiste Kotto-Kombi.

"L'homme construit trop de murs et pas assez de ponts"... cet aphorisme d'Isaac Newton, est il encore d'actualité à l'ère des nouvelles technologies ?

dimanche 24 mai 2009

La rigologie agit sur notre diaphragme


Corinne Cosseron fondatrice de l'école internationale du rire, des clubs de rire et de la rigologie était invitée à France Inter pour présenter sa démarche, inspirée par le yoga du rire en Inde. Après avoir sérieusement étudié la question, elle a créé une méthode à l'occidentale et l'enseigne. Le stress comprime le diaphragme. Rire et bailler détendent ce drôle de muscle à la forme de parapluie situé sous les côtes, et c'est bon pour la santé.
(dessin extrait du livre de Blandine Calais-Germain anatomie pour le mouvement tome 1 éditions DésIris).

Le rêve du papillon de Tchouang Tseu

"Tchouang Tseu rêva qu'il était papillon, voletant, heureux de son sort, ne sachant pas qu'il était Tchouang Tseu. Il se réveilla soudain et s'aperçut qu'il était Tchouang Tseu. Il ne savait plus s'il était Tchouang Tseu qui venait de rêver qu'il était papillon ou s'il était un papillon qui rêvait qu'il était Tchouang Tseu".
[Le rêve du papillon oeuvres Tchouang Tseu Albin Michel (spiritualités vivantes)].
Tondre ou ne pas tondre ?

La pivoine et l'ortie

Il suffit de regarder l'ortie attentivement pour se rendre compte qu'elle a une beauté que la pivoine n'a pas. Mais si le regard se laisse happer par la pivoine rose, l'ortie verte disparait du tableau. La couleur agit sur l'esprit avant la forme.

jeudi 30 avril 2009

Le Qi est... mouvement


Le Qi est mouvement, le Qi est insaisissable. Voilà pourquoi dans les arts martiaux internes, la calligraphie est aussi pratiquée comme art parallèle qui trace le mouvement. Travailler l'enchainement de tai chi dans cette idée de continuité du mouvement -sans rupture- amène à chercher les appuis, dans les pieds. Encore une nouvelle facette qui réveille les danseurs de tango.

[crédit photo : MS - île d'Yeu]

samedi 21 mars 2009

Pause africaine de la grue blanche


Dans un instant sans crier gare la grue blanche déploiera ses ailes. Pour le moment elle attend sous l'objectif patient de Marie-Corinne Devilliers perdue dans les prés camerounais.


Mouvement subtil de la grue blanche qui n'a l'air de rien mais... travaille la fluidité, la souplesse de la colonne vertébrale et les connexions du corps.



vendredi 27 février 2009

Visez un peu l'équilibre de ce coq d'or en plein chant au Cameroun !

Coq pris sur le vif par Marie-Corinne Devilliers dans un village du Cameroun.

Le coq d'or, posture délicate de l'enchainement de tai chi style Yang, le seul mouvement effectué sur jambe raide, sans coup de pied, jambe après l'autre.
Cherche photo d'un serpent qui rampe, d'une grue blanche déploie ses ailes, d'une jeune fille jetant sa navette aux quatre coins de l'univers... avis aux amateurs !

mercredi 24 décembre 2008

Le tai chi du plus grand chinois du monde


Tout autour des grilles du Palais Royal, à Paris, en cette fin décembre, sont accrochées des photos de l'AFP prises en 2008.
L'image de ce couple de Chinois me rappelle une chose qui est souvent dite pendant les cours... "Il faut trouver son tai chi ; pas celui de l'homme le plus grand du monde, ni du plus petit".
A chacun, la vie donne : une morphologie, une tête, un corps, des accidents de parcours... tout cela, à unifier dans un tai chi pour donner libre cours à une sensibilité unique. Le tai chi est une école de toutes les tolérances même s'il exige un temps inouï.

dimanche 26 octobre 2008

La vision du Tchouang-tseu par Billeter


Livre de chevet - Tchouang Tseu est un philosophe* de l'antiquité chinoise. Il serait mort aux environs de 300 ans avant notre ère. Ses écrits sont regroupés dans ce que l'on appelle "le" Tchouang-tseu. Jean-François Billeter, sinologue critique, a prononcé quatre leçons au Collège de France en 2000 qui sont retranscrites dans le petit ouvrage édité par Allia. Jean-François Billeter nous fait redécouvrir la charge critique de ce philosophe que ses commentateurs avait occultée tout un temps :
  • le fonctionnement des choses (Pour le philosophe chinois il faut concevoir le corps comme l'ensemble de nos forces connues et inconnues "celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas" a t'on eu coutume de traduire cette maxime de Tchouang Tseu , mais J.F Billeter revient sur cette traduction qu'il estime erronée et propose plutôt celle-ci : "quand on perçoit, on ne parle pas, quand on parle, on ne perçoit pas" illustration d'une traduction malheureuse...)

mardi 14 octobre 2008

Un nuage de Qi entre Qi Gong et Tai chi


Tai chi ou Qi gong... que choisir - Souvent cette question revient au départ. Qi gong et Tai chi chuan présupposent l'existence d'une énergie vitale subtile qui existe dans tout l'univers, le Ciel, la Terre et dans toute chose vivante (le Qi ou chi) selon les Chinois qui l'étudient depuis plus de 4 000 ans.

Ces deux disciplines partent du principe selon lequel l'intention conduit l'énergie.Là où l'esprit pose son attention, l'énergie se concentre on pourrait même dire qu'elle accourt. Cela n'a rien de théorique. Les Chinois sont des gens très pragmatiques. Il existe toute une série d'exercices qui font ressentir ce mécanisme et c'est amusant à palper. Ces arts développent la sensibilité et ne sollicitent pas le mental.

dimanche 5 octobre 2008

Le tai chi n'est pas un sport de mollasson


Après un cours de tai chi normalement, on a mal aux jambes, on a eu chaud, bref, on a mouillé sa chemise. Car le tai chi est un art martial interne, donc un art du combat où l'on fléchit les jambes et où l'on bouge les pieds, et où l'esprit se réveille. Rien à voir avec la vision de gens endormis, raides comme des piquets et bougeant leurs bras au ralenti comme des zombis - comme on peut en voir dans les jardins publics. C'est pourquoi bien souvent les gens ont un sourire en coin dès qu'on leur parle de tai chi. "Ah oui cette gymnastique très lente !" et éclatent de rire quand on leur explique en plus que c'est un sport de combat ...
En France, les professeurs suffisamment avancés pour enseigner le tai chi comme un véritable art martial interne sont rares. La plupart se contentent d'apprendre un "enchainement" de mouvements. Cet enchainement n'est en fait qu'une chorégraphie qui peut impressionner les néophytes mais est totalement vide si l'on n'y intègre pas les principes plus subtils du tai chi chuan. Connaitre une forme n'est pas un but en soi. Le seul intérêt de la forme est de pouvoir travailler les principes en groupe et de les pratiquer en solitaire.

mardi 29 juillet 2008

Au père Lachaise le tai chi chuan (TaiJi Quan) inspire

Au Père Lachaise... franchement, cela n'est pas facile de se retrouver pour une séance matinale à la chinoise entre : les petits pavés retors, la pente omniprésente, les familles en deuil, les corbeaux criards, les chats curieux, la fumée du crématorium, les touristes bavards dès que les beaux jours arrivent , et bien sûr aussi les jardiniers, très actifs sur la colline et donc toujours prompts à faire vrombir une tondeuse à vos oreilles mais avec un grand sourire gentil.
Pourtant, pendant quelques années avec des amies inscrites au même cours, nous nous sommes retrouvées chaque vendredi, à l'ouverture, vers 8 h 15, afin de s'entraîner à la forme longue pendant une heure, par tous les temps. Et finalement avec un peu de mal, on l'a trouvé le petit coin idéal et... secret. Pas si loin de l'allée où reposent les corps de Frédéric Chopin, Michel Pettruciani et Pierre Desproges. J'avoue que je ne savais pas que l'on n'avait pas le droit de pratiquer en cette enceinte de recueillement - si extraordinaire. C'est l'historien du cimetière à qui je racontais ces rendez-vous des années plus tard qui m'a répondu à la fin de mon histoire : "Vous avez eu de la chance de ne pas tomber sur moi, je vous aurais chassé à coups de pieds au c..."
A Chiera.

lundi 28 juillet 2008

Pas de tai chi aux JO de Pékin 2008

Dans la province du Henan ou, ici, à Pékin, ils sont des milliers à suivre l'enseignement du temple de Shaolin, berceau du wushu traditionnel. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Les sports de démonstration, comme le «wushu gong fu», ont été supprimés des JO depuis 1996. Mais il y aura bien une compétition parallèle à Pékin.
Contrairement au Japon et à la Corée qui auront su faire accepter l'un le judo (1) l'autre le taekwondo (2), la Chine n'aura pas réussi à faire admettre le kung-fu en démons­tration pour les Jeux de Pékin. Pour la bonne et simple raison que les sports de démonstration ont été supprimés à l'issue des Jeux d'Atlanta en 1996, pour cause de programme trop chargé.
Mais finalement, qui le saura ? Pas les Chinois. Les autorités, passées maîtres dans l'art de la communication, ont organisé des compé­titions en parallèle des Olym- piades. Simplement, les médailles ne seront pas labellisées CIO…
Au demeurant, le terme kung-fu est incorrect. Il vient du cantonais et signifie en gros «maîtrise d'une technique». Il a été popula­risé dans les années 1970 par les films de Bruce Lee, né aux États-Unis, mais qui a vécu sa jeunesse à Hongkong (où l'on parle cantonais). L'art martial pratiqué par Bruce Lee était le wing chung kung fu. N'est restée que la fin.
Les Chinois désignent leurs arts martiaux par le terme wushu. Wushu gong fu (en mandarin) signifie «maîtrise d'art martial chinois». Il en existe plusieurs centaines mais la modernité signifiant en Chine aussi simplification, le wushu moderne n'en comporte plus que deux, le wushu taolu, qui s'apparente à de la gymnastique et est donc noté par des juges, et le wushu sanda, un sport de combat. Les deux formes seront en dé­monstration à Pékin.
Les Chinois ne désespèrent pas de faire du wushu moderne, no­tamment du sanda, un sport olympique. Il faudra prouver qu'il est pratiqué dans au moins cinquante pays sur trois continents chez les hommes et trente-cinq pays, également sur trois continents, chez les femmes.
C'est difficile car chaque club de wushu, ou de kung-fu en Occident, se réfère à une école spécifique autoproclamée la meil­leure, concurrence oblige. Chaque école prône son wushu, ou plus exactement sa boxe, dont certaines sont tirées de l'imitation des animaux (tigre, serpent, singe, ours, mante religieuse, aigle,…). Cela pour celles qui pratiquent le style externe (yang). Celles qui s'adonnent au style interne (yin), comme le célèbre tai-chi (ou taiji), prônent une gymnastique douce à usage thérapeutique, à l'instar du yoga.
Une discipline hétéroclite
Toutes se réfèrent néanmoins peu ou prou au temple de Shaolin où serait né l'art martial chinois, sur le mont Song, une des cinq montagnes sacrées de Chine, dans la province de Henan (600 kilomètres au sud de Pékin). Ironie de l'histoire, c'est un moine bouddhiste, Bodhidharma, qui aurait apporté ces techniques, vers 475 après J.-C., au temple de Shaolin. Les autorités chinoises accréditent cette légende, une fa­çon très politique de suggérer que les Chinois n'ont pas de leçon à recevoir en matière de bouddhisme, fût-ce du Népal, même si, de l'avis général, le kung-fu s'inspire du taoïsme.
Toutes ces raisons expliquent les réticences du Comité olympique à valider une discipline si hétéroclite. À moins de faire le distinguo, comme le propose, diplo- mate, Qian Daliang, manager du temple Shaolin : «Le wushu chi­nois appartient à la catégorie des sports de compétition, tandis que le wushu de Shaolin est un art martial traditionnel.»
(1) En démonstration à Tokyo en 1964, devenu olympique en 1968 à Mexico.
(2) Lors des Jeux de Séoul en 1988.
 [source : Le Figaro Art martial chinois, le kung-fu exclu de la vitrine olympique
Gérard Nicaud 28/07/2008]