mardi 29 juillet 2008

Au père Lachaise le tai chi chuan (TaiJi Quan) inspire

Au Père Lachaise... franchement, cela n'est pas facile de se retrouver pour une séance matinale à la chinoise entre : les petits pavés retors, la pente omniprésente, les familles en deuil, les corbeaux criards, les chats curieux, la fumée du crématorium, les touristes bavards dès que les beaux jours arrivent , et bien sûr aussi les jardiniers, très actifs sur la colline et donc toujours prompts à faire vrombir une tondeuse à vos oreilles mais avec un grand sourire gentil.
Pourtant, pendant quelques années avec des amies inscrites au même cours, nous nous sommes retrouvées chaque vendredi, à l'ouverture, vers 8 h 15, afin de s'entraîner à la forme longue pendant une heure, par tous les temps. Et finalement avec un peu de mal, on l'a trouvé le petit coin idéal et... secret. Pas si loin de l'allée où reposent les corps de Frédéric Chopin, Michel Pettruciani et Pierre Desproges. J'avoue que je ne savais pas que l'on n'avait pas le droit de pratiquer en cette enceinte de recueillement - si extraordinaire. C'est l'historien du cimetière à qui je racontais ces rendez-vous des années plus tard qui m'a répondu à la fin de mon histoire : "Vous avez eu de la chance de ne pas tomber sur moi, je vous aurais chassé à coups de pieds au c..."
A Chiera.

lundi 28 juillet 2008

Pas de tai chi aux JO de Pékin 2008

Dans la province du Henan ou, ici, à Pékin, ils sont des milliers à suivre l'enseignement du temple de Shaolin, berceau du wushu traditionnel. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Les sports de démonstration, comme le «wushu gong fu», ont été supprimés des JO depuis 1996. Mais il y aura bien une compétition parallèle à Pékin.
Contrairement au Japon et à la Corée qui auront su faire accepter l'un le judo (1) l'autre le taekwondo (2), la Chine n'aura pas réussi à faire admettre le kung-fu en démons­tration pour les Jeux de Pékin. Pour la bonne et simple raison que les sports de démonstration ont été supprimés à l'issue des Jeux d'Atlanta en 1996, pour cause de programme trop chargé.
Mais finalement, qui le saura ? Pas les Chinois. Les autorités, passées maîtres dans l'art de la communication, ont organisé des compé­titions en parallèle des Olym- piades. Simplement, les médailles ne seront pas labellisées CIO…
Au demeurant, le terme kung-fu est incorrect. Il vient du cantonais et signifie en gros «maîtrise d'une technique». Il a été popula­risé dans les années 1970 par les films de Bruce Lee, né aux États-Unis, mais qui a vécu sa jeunesse à Hongkong (où l'on parle cantonais). L'art martial pratiqué par Bruce Lee était le wing chung kung fu. N'est restée que la fin.
Les Chinois désignent leurs arts martiaux par le terme wushu. Wushu gong fu (en mandarin) signifie «maîtrise d'art martial chinois». Il en existe plusieurs centaines mais la modernité signifiant en Chine aussi simplification, le wushu moderne n'en comporte plus que deux, le wushu taolu, qui s'apparente à de la gymnastique et est donc noté par des juges, et le wushu sanda, un sport de combat. Les deux formes seront en dé­monstration à Pékin.
Les Chinois ne désespèrent pas de faire du wushu moderne, no­tamment du sanda, un sport olympique. Il faudra prouver qu'il est pratiqué dans au moins cinquante pays sur trois continents chez les hommes et trente-cinq pays, également sur trois continents, chez les femmes.
C'est difficile car chaque club de wushu, ou de kung-fu en Occident, se réfère à une école spécifique autoproclamée la meil­leure, concurrence oblige. Chaque école prône son wushu, ou plus exactement sa boxe, dont certaines sont tirées de l'imitation des animaux (tigre, serpent, singe, ours, mante religieuse, aigle,…). Cela pour celles qui pratiquent le style externe (yang). Celles qui s'adonnent au style interne (yin), comme le célèbre tai-chi (ou taiji), prônent une gymnastique douce à usage thérapeutique, à l'instar du yoga.
Une discipline hétéroclite
Toutes se réfèrent néanmoins peu ou prou au temple de Shaolin où serait né l'art martial chinois, sur le mont Song, une des cinq montagnes sacrées de Chine, dans la province de Henan (600 kilomètres au sud de Pékin). Ironie de l'histoire, c'est un moine bouddhiste, Bodhidharma, qui aurait apporté ces techniques, vers 475 après J.-C., au temple de Shaolin. Les autorités chinoises accréditent cette légende, une fa­çon très politique de suggérer que les Chinois n'ont pas de leçon à recevoir en matière de bouddhisme, fût-ce du Népal, même si, de l'avis général, le kung-fu s'inspire du taoïsme.
Toutes ces raisons expliquent les réticences du Comité olympique à valider une discipline si hétéroclite. À moins de faire le distinguo, comme le propose, diplo- mate, Qian Daliang, manager du temple Shaolin : «Le wushu chi­nois appartient à la catégorie des sports de compétition, tandis que le wushu de Shaolin est un art martial traditionnel.»
(1) En démonstration à Tokyo en 1964, devenu olympique en 1968 à Mexico.
(2) Lors des Jeux de Séoul en 1988.
 [source : Le Figaro Art martial chinois, le kung-fu exclu de la vitrine olympique
Gérard Nicaud 28/07/2008]